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L’HOMME JUSTE
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Le juste restait droit sur ses hanches solides ;
Un rayon lui dorait l’épaule ; des sueurs
Me prirent : « Tu veux voir rutiler les bolides ?
Et, debout, écouter bourdonner les flueurs
D’astres lactés, et les essaims d’astéroïdes ?
« Par des farces de nuit ton front est épié,
O Juste ! Il faut gagner un toit. Dis ta prière,
La bouche dans ton drap doucement expié ;
Et si quelque égaré choque ton ostiaire
Dis : Frère, va plus loin, je suis estropié ! »
Et le Juste restait debout, dans l’épouvante
Bleuâtre des gazons après le soleil mort :
« Alors, mettrais-tu tes genouillères en vente,
O Vieillard ? Pèlerin sacré ! barbe d’Armor !
Pleureur des Oliviers ! main que la pitié gante !
Barbe de la famille et poing de la cité,
Croyant très doux ; ô coeur tombé dans les calices,
Majesté et vertus, amour et cécité,
Juste ! plus bête et plus dégoûtant que les lices !
Je suis celui qui souffre et qui s’est révolté !
« Et ça me fait…/…
RIMBAUD
Oeuvres
Éditions Baudelaire
(page 98)
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Article complémentaire
http://osee3.unblog.fr/2010/10/19
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